Les pipelines sont les artères du réseau énergétique mondial. Ils acheminent les combustibles qui chauffent les maisons, assurent la prospérité des économies et permettent aux voitures de rouler. Les pipelines sont aussi des merveilles de technologie, ne s’arrêtant devant aucun obstacle, des champs de glace de l’Alaska aux profondeurs de l’océan Atlantique. Les pipelines peuvent cependant engendrer des conflits nationaux ou internationaux. Avec l’apparition de nouveaux acteurs sur le marché mondial de l’énergie, les projets de création de pipeline menacent l’équilibre établi de la chaîne d’approvisionnement.
La polémique suscitée par le Keystone Pipeline en Amérique du Nord, par exemple, a non seulement opposé les environnementalistes aux hauts responsables énergétiques, mais a aussi entraîné toute la nation dans un débat sur les avantages et les risques du programme énergétique américain. Ce pipeline transportera le pétrole extrait des champs pétroliers canadiens vers les raffineries du Golfe du Mexique, réduisant ainsi les besoins en importations des États-Unis. De même, les projets du premier ministre russe Vladimir Poutine pour le financement du pipeline TAPI (Turkménistan, Afghanistan, Pakistan et Inde) est à l’origine de tensions avec l’Iran, qui privilégie de son côté la construction d’un pipeline irano-pakistanais. Plus à l’ouest, la position dominante qu’occupe la Russie sur le marché européen de l’approvisionnement en gaz est menacée par l’accord signé entre l’Azerbaïdjan et la Turquie, qui prévoit la construction d’un nouveau pipeline destiné à approvisionner l’Europe en gaz. Le pipeline TANAP réduira la dépendance de l’Europe centrale vis-à-vis des pipelines gaziers russes plus au nord en permettant le raccordement au pipeline trans-adriatique ou au pipeline Nabucco West existants. La construction de ce projet d’un montant de 7 milliards de dollars a déjà débuté et, d’après le ministre azerbaïdjanais de l’énergie, Monsieur Natiq Aliyev, elle devrait s’achever dès 2017.
À court terme, la Russie ne doit donc pas craindre de perdre sa position dominante sur le marché européen. À l’occasion d’une récente conférence à Berne, en Suisse, l’ancien chancelier allemand et porte-parole de Gazprom, Gerhard Schroeder, a annoncé que le pipeline Nord Stream 2 du géant énergétique était désormais opérationnel et qu’il fournirait 27,5 milliards de mètres cubes par an aux foyers allemands en passant par la mer Baltique. Pour Gazprom, ce nouveau pipeline revêt une importance majeure : il permet en effet à la société d’éviter de transporter le gaz par de vieux pipelines traversant l’Ukraine et de payer des frais de transit très élevés.
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