21.04.2016

Opéra – Mot du jour

Opéra – Mot du jour - EVS Translations
Opéra – Mot du jour – EVS Translations

Non, pas le navigateur Opera, la performance artistique. Attendez ! Avant de lever les yeux au ciel, essayons de donner une chance à l’opéra. Souvent considéré comme le summum de la performance artistique, l’opéra stimule les oreilles grâce à la musique, les yeux grâce à ses décors et mises en scène recherchés et l’esprit grâce aux histoires qu’il raconte.

Commençons par le mot lui-même : opera est un emprunt direct de l’italien. Apparu en Italie en 1639, son double sens de « travail », tant dans l’effort que dans le produit, est une combinaison des formes du mot latin opera qui, au singulier, désigne un « travail ou labeur » et, au pluriel (opus), un « produit ou résultat d’un labeur ».

Il est intéressant de noter que, tandis que de nombreuses cultures ont, au fil des ans, repris l’opéra italien traditionnel et l’ont adapté, comme les Allemands, les Français et les Anglo-Américains, le mot opéra est toujours utilisé pour désigner le genre dans son ensemble.

L’opéra, dont l’histoire est célèbre, est souvent considéré comme une forme d’art archaïque. Cependant, si le classique domine encore, il existe de nouveaux compositeurs, artistes et intrigues. Le premier opéra, Dafne, fut écrit à la fin du XVIe siècle par un groupe florentin connu sous le nom Camerata de’ Bardi dans une tentative de retour au théâtre grec antique. Si cette œuvre initiale a malheureusement disparu, beaucoup de vieux opéras classiques, notamment ceux de Verdi (La Traviata, 1853), Puccini (La Bohème, 1896), Mozart (La Flûte enchantée, 1791) ou encore Bizet (Carmen, 1875), figurent parmi les plus populaires. Ces quatre opéras ont en effet compté pas moins de 2 586 productions et près de 13 000 performances en 2013/14. Loin d’être un art figé du passé, et bien qu’il soit difficile d’égaler les classiques et les titans de l’opéra, les 10 plus grands compositeurs vivants de la même période ont représenté plus de 300 productions et près de 1 300 performances.

Ce mot est arrivé dans la langue anglaise moins de dix ans après sa première utilisation en italien, grâce à John Raymond qui écrivit en 1648 ; « A week after our arrival at Sienna, was an Opera represented..with several changes of Scenes,.and other Machines, at which the Italians are spoke to be excellent » (« Une semaine après notre arrivée à Sienne, un opéra fut donné avec plusieurs changements de scènes et autres machines, pour lesquels les Italiens sont connus pour leur excellence »). Observant le développement de variations « régionales », le quotidien britannique Daily Chronicle soulignait en 1909 que : « en France, l’opéra fut le résultat du ballet, et en Angleterre celui du masque ».

Malheureusement, si aujourd’hui beaucoup refusent de s’ouvrir à l’opéra, le jugeant trop futile ou trop dramatique, il y a plus de raisons qu’il n’en faut pour succomber à la splendeur sensuelle de l’opéra. Comme le soulignait le poète W.H. Auden : « Un personnage d’opéra ne peut pas être raisonnable, car s’il l’est, il n’a pas de raison de chanter ».