19.07.2017

Le rôle de l’architecture dans la préservation des identités culturelles

Great wall under sunshine during sunset

L’architecture, soit l’art et la science de concevoir et de bâtir des édifices, a toujours été perçue comme un symbole des accomplissements de l’humanité. Des accomplissements reposant tout autant sur les compétences des architectes que sur la fortune de leurs mécènes. Depuis l’Antiquité, l’architecture prospérait en effet grâce au soutien financier des plus riches et puissants. Ces derniers influençaient bien entendu la forme générale de l’ouvrage qu’ils finançaient en fonction de leurs goûts et de leur désir de notoriété. L’architecture est donc la somme du travail de nombreux bâtisseurs renommés ou inconnus, chacun d’entre eux utilisant son propre langage pour faire passer un message dicté par un mécène. Bien que l’Histoire ait retenu pléthore de noms illustres, ce sont souvent les architectes qui ont exercé un impact considérable sur la société et la culture et qui sont devenus un élément intangible de l’identité des villes, des pays mais aussi de civilisations entières.

Aujourd’hui, la plupart des langues parlées sont encore et toujours liées à des groupes ethniques et des zones géographiques spécifiques et il y a encore un siècle environ, chaque région du monde avait une architecture bien à elle. Cependant, l’urbanisation, la surpopulation et l’essor industriel récents ont contraint à l’adoption d’un concept de construction pratique qui a eu pour conséquence la naissance d’un style architectural universel à l’échelle mondiale. Le colonialisme a commencé à s’approprier l’architecture « native ». Puis au milieu du 20e siècle, le style international, caractérisé par des formes rectilignes, l’absence d’ornement et l’utilisation d’acier et de verre, s’est imposé comme une sorte d’esperanto architectural.

Les architectes des dernières décennies, adoptant un style neutre et fonctionnel, ont imaginé un monde peuplé de gratte-ciel pour répondre aux besoins de la société moderne, fermant souvent les yeux sur l’histoire et la culture du pays accueillant leurs édifices. À l’opposé, la tendance actuelle fait la part belle à l’identité culturelle en jouant avec l’ornementation et les formes. Si la forme est le langage de l’architecture, l’une des plus prisées et ambitieuses est sans nul doute la courbe, dont les mystères sont interprétés par des architectes de divers horizons culturels.

Et le modernisme, malgré son style homogénéisé, en livre néanmoins des exemples prestigieux.
Le terminal Trans World Airlines (TWA) de l’aéroport JFK, à New-York, est l’œuvre du grand architecte finlandais Eero Saarinen. Bâti dans un style très expressionniste, il exprime la manière dont on envisageait le transport par avion à l’âge d’or du voyage.

Oscar Niemeyer, artiste brésilien prolifique, est un autre « poète du béton » moderniste. Il a dédié son œuvre au travail sur la courbe, symbole des formes féminines. À travers ses édifices éblouissants, le Brésil contribue désormais à l’héritage culturel mondial.

Et n’oublions pas la « reine de la courbe », comme l’a nommée le journal britannique The Guardian : Dame Zaha Hadid. Née à Bagdad, cette artiste et visionnaire irako-britannique a été la première femme a recevoir le prix Pritzker d’architecture.

Le fait est que chaque ouvrage d’architecture, du temple antique au gratte-ciel moderne, a revêtu des significations diverses pour un grand nombre de personnes différentes à un moment donné, à la manière d’un roman, d’un poème ou même d’une langue.

Selon une étude récente réalisée par des linguistes de l’Université de Columbia, il est probable que 90 % des langues actuellement parlées disparaissent au cours du siècle prochain. L’architecture pourrait alors bien jouer un rôle clé dans la préservation des identités culturelles.