10.03.2015

Casino – Mot du jour

Il y a de la magie dans le mot casino, ou du moins un parfum d’argent et de rêves (malheureusement, il évoque surtout l’odeur fétide des rêves brisés). De prime abord, il semblerait logique que l’origine de ce mot soit liée à l’argent liquide ou aux caisses de paiement. Mais son étymologie semble indiquer des origines différentes. Le mot casino vient de l’italien casa, qui désigne une maison de plaisir ou une villa secondaire, d’après le latin casa (petite maison).

Sa première utilisation répertoriée dans la langue anglaise date de 1789, dans le sens d’une salle publique ou d’un club destiné aux rencontres sociales et à la danse. L’auteure de journaux intimes et mécène des arts Hester Lynch Thrale, qui devint Piozzi après son mariage avec un Italien, fut la première à en parler dans un carnet de voyage dans lequel elle relatait ce qu’elle avait ressenti lors d’une promenade en gondole sur le Grand Canal de Venise : « les rendez-vous nocturnes, le café et le casino… (qui renforcent la beauté du Grand Canal) ».

Malheureusement, au moment de sa visite, la première maison de jeu connue en Europe, Le Ridotto, à Venise, qui avait ouvert en 1638 pour contrôler les paris au moment du carnaval, était déjà fermée depuis plus de dix ans. On ignore si Mme Piozzi faisait référence à une maison de jeu ou à une maison close vénitienne, mais il est curieux de noter qu’en italien, le mot casino fait référence à la deuxième, tandis que casinò (avec un accent) désigne la maison de jeu. Quel que soit leur sens, les casinos ont été conçus pour le divertissement et se sont répandus en Europe, en atteste un guide touristique européen publié en 1836 : « On trouve dans toutes les grandes villes allemandes des sociétés correspondant plus ou moins aux clubs londoniens et portant le nom de Casino. »

La première référence documentée en langue anglaise du mot casino dans le sens d’une maison de jeu vient une fois de plus de Venise, 62 ans plus tard. L’écrivain et critique d’art victorien John Ruskin s’était rendu à Venise avec sa femme afin d’essayer de définir l’idéal esthétique victorien. Il s’avère que cet idéal avait beaucoup en commun avec le jeu, comme il l’écrivit dans une lettre envoyée en Angleterre en 1851 : « Il a perdu 25 000 francs en pariant à Chamonix face au Maître du Casino. »