20.08.2015

Delicatessen – Mot du jour

Contrairement à ce que l’on pourrait croire, le mot delicatessen n’a pas exactement le même sens en Europe et aux États-Unis.

Aux États-Unis, un delicatessen, souvent abrégé en deli, est un croisement entre une épicerie et un lieu de restauration rapide proposant des produits frais. Les consommateurs peuvent y acheter des salades et des repas prêts à consommer vendus au poids ou en sandwich et à consommer sur place ou à emporter.

En Europe, en règle générale, les delicatessen sont des points de vente proposant des aliments spéciaux de qualité supérieure qui se trouvent souvent dans les grands magasins, comme chez Harrods.

Les germanophones diront que le mot delicatessen est un emprunt direct de l’allemand. Il semble en effet logique de considérer qu’il s’agit d’un mélange de « delikat » et de « essen » (qui signifie « manger » en allemand), mais ce n’est qu’une partie de l’histoire.

S’il est vrai que ce mot est passé dans la langue anglaise depuis l’allemand, son histoire a commencé bien avant. Il vient de l’adjectif latin delicatus, signifiant « délicieux, luxueux, source de plaisir », qui est passé dans la langue française au 16e siècle avec la même signification sous la forme « délicatesse ». Ce n’est qu’ensuite que ce mot s’est retrouvé dans la langue allemande, avec un –n final (qui est la terminaison standard du pluriel) qui lui a donné une consonance allemande.

Quelle que soit l’origine de ce mot, et qu’il s’agisse d’un deli ou d’une épicerie fine de luxe, il est clair que nous parlons de mets délicieux. Dans le langage courant, le mot désigne souvent un endroit vendant des produits frais et emballés venant de l’étranger, difficiles à trouver et constituant de ce fait un festival exotique pour nos papilles.

C’est avec ce sens précis que le mot a fait son apparition dans la langue anglaise écrite, lorsqu’en 1877 le journaliste écossais et critique londonien Eneas Sweetland Dallas a écrit Kettner’s Book Of The Table. Auguste Kettner était un ancien chef de Napoléon III et avait dirigé le restaurant victorien le plus à la mode de Soho, à Londres, réputé pour son extravagance, son champagne et ses mets gastronomiques. D’après la rumeur, Dallas aurait écrit ce livre de recettes en échange de repas gratuits. Il savait de quoi il parlait, ayant eu l’occasion de goûter les recettes qu’il décrivait.

Ironiquement, le mot delicatessen est apparu pour la première fois dans les médias américains sept ans plus tard, lorsque The New York Times mentionna un incendie dans un delicatessen situé sur la 10e Avenue et dont le propriétaire s’appelait également Auguste.

En plus de décrire l’endroit où l’on sert ces plats délicats, le mot delicatessen est également utilisé en anglais comme nom pour désigner les aliments eux-mêmes ou comme adjectif pour décrire la qualité et la saveur de ces mets. En 1904, dans Wanted: a cook: domestic dialogues, Alan Dale écrivait : « Anna has provided us what she calls a delicatessen dinner » (« Anna nous a servi ce qu’elle appelle un repas raffiné »).