14.02.2012

Foisonnement frustrant, ou « comment placer 20 % de texte supplémentaire dans l’espace autorisé » – le Blues du maquettiste

Ce qui est fascinant dans les langues, c’est qu’elles ont tendance à s’étendre. Le côté positif, c’est que la langue s’adapte en fonction des personnes qui l’utilisent, et par conséquent, elle ne se « démodera » jamais. À moins, bien sûr, que toutes les personnes qui la parlent l’abandonnent au profit d’une langue moins compliquée, comme cela s’est produit pour le latin.

Mais du point de vue d’un maquettiste, « l’extension », ou plus précisément le foisonnement linguistique, peut être assez frustrant. Ce que nous entendons par foisonnement, c’est le volume supplémentaire que prend le texte après avoir été traduit d’une langue à l’autre.

Prenez par exemple la traduction du projet que nous avons traité récemment sous InDesign, de l’allemand vers le français, l’anglais, le portugais et l’espagnol. Le texte que nous avons en allemand cadre parfaitement avec la mise en page fournie par le client international du secteur automobile. Le client dispose de maquettistes professionnels qui créent leurs propres fichiers InDesign en allemand, il est donc évident que la mise en page est parfaitement adaptée. Mais si vous traduisez ce texte en français, par exemple, vous obtenez au final environ 20 % de texte supplémentaire, c’est-à-dire que chaque phrase est plus longue d’environ 20 % que la phrase originale. Le problème est que l’espace autorisé pour le texte ne change pas et il nous faut trouver une solution pour faire cadrer ces 20 % de texte supplémentaire. S’il reste encore de l’espace autorisé sur la page (petite allusion à l’attention des clients lisant cet article !) nous pouvons compenser en remplissant tout simplement cet espace. Mais s’il n’y en a pas, il nous faut commencer à « bricoler » les tailles de police, les espaces entre les caractères et les lignes et faire jouer toute notre créativité. Cela commence à devenir réellement « amusant » lorsque nous sommes uniquement autorisés à modifier de façon minimale la taille de police et les espaces. Et si vous vous rappelez que le pourcentage de foisonnement du portugais est de 10 % par rapport au français, vous obtenez un total de 30 % par rapport à l’allemand…

Il faut avouer que cela a été un vrai casse-tête ! Mais à la fin de la journée, ce qui compte, c’est que nous avons réussi – avec quelques coups de pouce du client – à fournir à ce dernier ce dont il avait besoin : une version multilingue de son guide d’utilisation en format InDesign, prête à être imprimée.

Un nouveau défi relevé – ce n’était pas le premier, ce ne sera pas le dernier… mais c’est toujours bon pour notre autosatisfaction !