15.09.2015

Nostalgie – Mot du jour

Le mot nostalgie est dérivé du grec ancien nostos, qui signifie « retour au foyer ». Son pluriel, nostoi, était le titre d’un poème extrait d’un recueil de poèmes épiques en grec ancien appelé le Cycle épique et illustrant la guerre de Troie. Nostoi, ou Retours, raconte le retour des héros grecs dans leur foyer. Il est suivi par l’Odyssée d’Homère qui relate l’histoire d’Ulysse et les dix ans qu’a duré son retour après cette guerre. Le mot nostalgia a été utilisé en latin postclassique et est apparu pour la première fois dans la littérature anglaise au milieu du XVIIIe siècle.

En parlant de nostalgie, il y a quelque chose d’étrangement réconfortant et de profondément fascinant à écouter les histoires nostalgiques des personnes âgées. Elles décrivent un monde que nous pouvons à peine imaginer et ont vécu des événements que nous sommes, heureusement, trop ignorants pour comprendre. « Je travaillais dans une usine, tu sais, raconte un vieil homme. On utilisait des sous-vêtements de femmes pour fabriquer des parachutes pour les soldats ! » Lorsque vous lui rendez visite une semaine plus tard, vous vous asseyez et lui tenez tendrement la main. Il fixe son regard au loin et remarque, avec une grande nostalgie : « Je travaillais dans une usine, tu sais. On utilisait des sous-vêtements de femmes pour fabriquer des parachutes pour les soldats ! »

Certains de ces récits sont très romantiques. Des amants séparés par la guerre qui n’avaient jamais osé envisager l’idée d’un avenir commun. C’était un officier charmant et très beau et Pénélope, qui allait devenir sa femme, était la beauté incarnée. C’est ce qu’il vous raconte et vous le voyez sur les photos en noir en blanc accrochées au mur. Mais souvent, les protagonistes de ces histoires ont disparu depuis longtemps. Le vieil homme bave au-dessus de son assiette tandis qu’il vous parle de sa vie pendant la guerre, mais dans ses yeux brille l’éclat de la nostalgie d’une époque où il était un héros et où il était profondément amoureux. Il a le mal du pays, il regrette un monde qui a continué de tourner et qui ne fait plus attention à lui.

Vous promettez de revenir la semaine suivante parce que vous savez que personne d’autre ne peut lui faire cette promesse. L’homme passe ses journées à déambuler dans une vieille maison, à regarder des jeux télévisés. Sa mère serait dévastée de voir son fils seul comme ça dans son fauteuil, vous dites-vous peut-être.

Il s’éteindra et vous n’entendrez plus ses histoires épiques sur les évènements incroyables et atroces dont il a été le témoin. La nostalgie est en paix. Il a vécu longtemps et il a au moins eu la chance de rentrer chez lui, là où sa femme Pénélope n’avait cessé de l’attendre.