21.02.2017

Placebo – Le mot du jour

Placebo – Le mot du jour - EVS Translations
Placebo – Le mot du jour – EVS Translations

L’histoire du mot placebo débute par une erreur de traduction. En effet, alors qu’il traduit la Bible du grec en latin, Saint Jérôme commet une erreur dans le 9e verset du psaume 116 (édition moderne) en écrivant Placebo Domino, « Je plairai au Seigneur », au lieu de Ambulabo coram Domino, « Je marcherai en présence du Seigneur ».

Ainsi, depuis le 13e siècle, le mot placebo sert à désigner le service religieux de l’Office des défunts, au cours duquel ce verset est chanté. Par la suite, le terme chanteurs de placebo est utilisé pour tourner en dérision l’attitude de chanteurs prétendant faussement être apparentés au défunt dans l’espoir de recevoir une partie de l’argent ou du repas de funérailles.

La première utilisation dans la langue anglaise du mot « placebo » au sens de « vêpres de l’office des défunts » remonte au 13e siècle et à un ouvrage monastique anonyme intitulé Ancrene Wisse.

Au cours des siècles suivants, le mot acquiert le sens général de « personne qui cherche à plaire de toutes les manières possibles, servile flatteur ».

Dans ses Contes de Canterbury, l’auteur Geoffrey Chaucer donne au frère du protagoniste, qui est un vil flagorneur, le nom de Placebo.

Au cours du 16e siècle, des reliques placebo sont remises aux personnes paraissant possédées par le diable. La plupart des patients réagissant bien au traitement mystificateur, il semblerait que les démons de l’époque n’aient pas été assez futés pour distinguer les fausses reliques des vraies.

Deux siècles plus tard, le mot placebo fait son entrée dans le jargon médical. Simultanément se généralise la prescription de médicaments placebo dans le but de rassurer le patient plutôt que dans celui d’obtenir des effets thérapeutiques directs.

En effet, les médecins de l’époque administrent fréquemment des médicaments simples et inopérants tels que des pilules de pain, des gouttes d’eau colorée, des poudres de bois de caryer ou du sucre de lait à leurs patients hypocondriaques et obstinés.

Cette acception médicale apparaît pour la première fois dans la langue anglaise dans l’ouvrage A new medical dictionary: or, general repository of physic (« Un nouveau dictionnaire médical ou référentiel de physique » (1785) de George Motherby, qui témoigne de l’universalité de cette pratique : « Placebo, méthode ou médicament courant(e) ».

C’est au cours de cette même année que la première utilisation clinique de placebo administré de façon intentionnelle est documentée.

En 1807, Thomas Jefferson note, en qualifiant le phénomène de fraude pieuse, qu’un médecin de grand renom lui a assuré prescrire plus de médicaments placebo que tous les autres types de médicaments réunis.

À l’époque moderne, l’effet placebo est étudié pour la première fois dans un article publié en 1920 par T. C. Graves dans la revue The Lancet. Le terme était cependant apparu 2 décennies plus tôt dans The Sanitarian : « L’acide formique n’ayant aucune qualité connue d’antidote à un virus, il est possible qu’il se soit agi d’un simple effet placebo. »

Au cours des années 70, les essais randomisés contrôlés portant sur des médicaments, dans lesquels certains participants sont affectés à un groupe recevant un traitement et d’autres à un groupe témoin recevant un médicament placebo, s’avèrent être des outils efficaces favorisant l’homologation et la commercialisation des nouveaux médicaments.

Le fait qu’un placebo, c’est-à-dire une substance dénuée de vertu thérapeutique connue, puisse avoir des effets physiques et psychologiques, est avant tout lié au pouvoir de la conviction et de l’espoir. En réponse à l’effet positif attendu, le corps sécrète également des endorphines, qui agissent comme un analgésique.

Cela dit, les effets peuvent également être négatifs, puisque certains patients déclarent souffrir de maux de tête, de nausées ou de vertiges à la suite de la prise d’un placebo. Ce phénomène est connu sous le nom d’effet nocebo.