13.01.2015

Tomate – Mot du jour

Parfois considérée à tort comme un légume, la tomate est en fait un fruit qui a tout d’abord été cultivé par les Aztèques et les Incas vers 700 apr. J.-C. Le fait de considérer la tomate comme un aliment trouve son origine au Mexique. Elle est introduite en Europe par la colonisation espagnole des Amériques, notamment liée à la conquête de la ville de Mexico par Cortez en 1521. L’anthropologue Marvin Harris rapporte que la première référence culinaire à la tomate viendrait des compagnons de Cortez qui auraient observé une cérémonie de cannibalisme, au cours de laquelle les Aztèques auraient dégusté de la viande humaine servie avec des tomates, des fleurs de courge et des poivrons.

Pendant les 200 premières années de son histoire, la tomate fut considérée en Grande-Bretagne comme étant toxique. Elle avait par ailleurs la réputation de transformer le sang en acide. C’est un Britannique – qui l’eût cru ? – qui prépara le terrain pour cette vision négative de la tomate. Dans son célèbre herbier The Herball or Generall Historie of Plantes publié en 1597, John Gerard, un chirurgien de la herniotomie et botaniste, définit la tomate comme toxique, tout en concédant que les Espagnols et les Italiens la consomment. En fait, elle doit sa réputation notoire à son appartenance aux solanacées « mortelles ». La tomate est aujourd’hui effectivement encore bannie du régime alimentaire des personnes atteintes de maladies auto-immunes.

Au 18e siècle, la tomate causa plusieurs décès parmi les riches bourgeois et nobles. Très acide, elle dissolvait en effet le plomb des plats que cette classe sociale utilisait habituellement. Le plomb ainsi dissous se mélangeait alors au jus de la tomate, rendant ce dernier hautement toxique.

La tomate est aussi connue sous le nom de pomme d’amour (aux caractéristiques aphrodisiaques) ou de pêche de loup (« wolfpfirsich » en ancien allemand). L’origine de son nom remonte aux Aztèques, qui parlaient de « tomatl », qui peut être traduit littéralement par fruit gonflé. Au début des années 1600, après un dernier passage par l’espagnol, la tomate reçoit l’orthographe qu’on lui connaît aujourd‘hui.

À la fin du 18e siècle, la plupart des Britanniques avaient compris que la tomate était comestible et la cultivaient désormais dans leur jardin, et ce, pas seulement pour la beauté de ses fleurs. Cette tendance était finalement déjà passée dans les mœurs, lorsque John Gabriel Stedman décrivit en 1796 la tomate comme « … étant cultivée dans de nombreux jardin anglais », tandis que Encyclopædia Britannica voyait la tomate « en usage quotidien dans les soupes, les bouillons et comme garniture ».

Les premières recettes américaines dans lesquelles figurent les tomates apparaissent en Caroline du Sud en 1770, mais c’est à Thomas Jefferson qu’est en particulier attribuée la culture de la tomate. C’est grâce à lui également que la tomate pourra bientôt apparaître sur la table de chaque Américain – avec néanmoins l’indication qu’elle devait impérativement être cuite pendant trois heures avant d’être consommée. C’est avec l’introduction de la nourriture en conserves, et notamment des pâtes et des sauces pour pizza, que la tomate fait réellement son apparition sur nos tables, où elle finit par s’imposer de manière incontestable sous forme de… ketchup.